Couv

DECEMBRE 1964

 

Lundi 7 :

Départ en musique de chez Mala. Prévu à 2h : pour finir à 19h. Arrivée à Valprofonde chez Poupouille. Diner aux chandelles. Latour dort avec le casque d’une armure. Il est malade et dégueule un peu partout.

 

Mardi 8 :

Déjeuner et diner dans les routiers. On essaye les couchettes à 50km de Marseille ; c’est pas formidable.

 

Mercredi 9 :

On visite la cité Radieuse. Il y a des trucs bien : les couloirs, la rue commerçante, la douche genre bateau avec seuil. Les gens ont presque tous supprimé leur grande pièce, double hauteur, dommage. On embarque à la nuit.

 

Jeudi 10 :

Gênes : déjeuner dans un joli restaurant avec arcade surbaissée, on traverse la cuisine pour allez à la salle à manger. On visite quelque palais dont un musée particulièrement inintéressant mais bien présenté. Vitrines en IPN. On achète des bouquins et on arrive en retard au bateau. On se fait engueuler, ils nous attendaient pour partir.

 

Vendredi 11 :

Réveillé à 12h des arabes demandent à Latour s’il à mal à la tête, il n’a toujours pas compris pourquoi. Naples : c’est bath mais on n’a pas envie d’en mourir, débarquement, promenade en ville : très vieux, du linge aux fenêtres on s’y croirait. Mangé dans une Pizza on se balade et on est encore en retard. Ducoureau et Latour font leur 1er croquis, on discute avec un flic. Le fameux pin parasol.

Champouillon trouve une pharmacie on se décide à acheter des brosses à dents, mange dans une pizzeria. Ducoureau exprime le vœu de faire un crobar on le perd, on arrive au bateau juste pour le départ non sans que Latour ait lui aussi pondu son crobar sous l’œil admiratif de 2 flics. Je pense fortement laver une chemise et une paire de chaussettes, mais je crois que je ne le ferai pas. Le car est devenu un vrai foutoir.

 

Samedi 12 :

Bateau, 1er aménagement de la voiture : plus de couchettes. Que dalle, on range la voiture.

 

Dimanche 13 :

Bateau cinéma « Alamo » assez incroyable. On joue au bridge avec une américaine.

 

Lundi 14 :

Alexandrie : très crapoteuse, il pleut vraiment décevant. Déjeuner dans un petit restaurant indiqué par le changeur qui nous avait  donné 30% de plus que le cours. Latour achète une valise en cuir. Charrette de cartes postales, orage. On est à l’heure. Les maisons européennes sont complètements abandonnées c’est lamentable.

Mardi 15 :

Beyrouth à 16h, traversée mouvementée (19 087km au compteur). Le salon se vide assez rapidement et les gens sont tous verts. L’arrivée est drôle toutes les familles attendent les leurs. Douane, essence, diner avant Baalbek un bifteck. Couché à Baalbek.

 

Mercredi 16 :

On se réveille à 50m d’un abattoir à 7h30 ça sent le sang. On visite Baalbek. La terrasse est impressionnante Pierres de 12 x 3 x 4.5. Il y a de la neige sur les montagnes. On passe en Syrie. Douane. On regonfle un pneu, on fait connaissance avec la galette de pain. Village bédouin du côté syrien. Homs : c’est très moche.

Au Krac des chevaliers on est reçu par des gamins qui nous offrent à manger, ils chantent, on chante (binious) on les enregistre. Visite du crac au clair de lune. Essai de photos on dort devant la porte.

 

Jeudi 17 :

Visite du Crac, plein de photos. Il y a des salles impressionnantes par leur taille surtout dans le haut.

Douves : chapelle cistercienne, arrangement de la cour haute assez chouette.

Déjeuner à Homs assez  tard on se sépare en 2. Palmyre arrivée le soir. On passe devant un village en cônes. Diner dans un tout petit restaurant. On aménage la voiture. On visite la nuit le théâtre est formidable. On chie dans les ruines. Je trouve une pierre que j’hésite à emmener.

Vendredi 18 :

Palmyre : ballade dans les fouilles le matin, croquis. L’oasis est très jolie. On va à la vallée des tombeaux. Je me déguise en bounioule, on mange des boites de conserves. Je reviens à pieds en visitant les tours et les souterrains vision apocalyptique. Le château est extraordinaire. Je trouve une petite pierre à emmener dans un tombeau plein de sculptures. Le couché du soleil dans la vallée des tombeaux, il ya de quoi vous foutre la trouille mais qu’est ce que c’est beau. On roule de nuit, brouillard, on cherche le cimetière à Homs on couche sur la route d’Alep. Ducoureau à ses ragnagnas.

Samedi 19 :

Petit déjeuner au lit. On cherche le cimetière, où est enterré l’oncle de Ducoureau,   il y a le lycée dessus. On arrive à Damas, on déjeune dans un grand bistro ou on mange pas mal. Visite de la mosquée du tombeau de Saladin, bazar inintéressant. Ils achètent des voiles arabes. -> Une voiturée de bounioules. On passe la frontière Jordanienne, c’est vachement cher. Latour remplit consciencieusement de flotte le jerricane dans lequel on voulait mettre de l’essence. On se trompe de route et on se rallonge de 175km, on passe tout près de Jérusalem. On essaye de faire marcher notre réchaud pour se faire une soupe. Ca foire. Un trouffion compatissant nous amène un réchaud à lui. Il marche pas, finalement on arrive à boire un Liebig tiède dégueulasse, il fait très froid. J’ai la chiasse.

 

Dimanche 20.

Latour et Champouillon dorment pendant qu’on roule, contrôle par la garde du désert. Ils sont très bath     tout en rouge, lignes droites de 15km puis un léger virage etc….

Relevé vers 4h du matin on dort et ont se réveille à Ar Rutba. On se fait engueuler pour avoir sauté un poste. Petit déjeuner au soleil. On redort. Ducoureau est vachement nerveuse aux douanes. Paysage d’une monotonie incroyable on rêvasse, on regarde les mirages. Arrivée sur la vallée de l’Euphrate, les palmiers et tout et tout, brochettes. Arrivée le soir à Bagdad YMCA. Douche. Lave quelques chemises. On mange du kebab. Ballade le long de l’Euphrate. Arrêt dans une pâtisserie, quelques gâteaux, je prends une crème caramel. Coucher.

 

Lundi 21 :

Bagdad. Poste restante, c’est le bordel. Passage à l’Ambassade d’Iran. Visite d’une mosquée.

Poste restante : foutoir. Ils ouvrent toutes les lettes. On mange chez 2 frères vachement bien tomates et etc.… On est arrêté tous les 30km par les flics qui nous imposent un autostoppeur. Frontière irakienne fermée par une grille et un cadenas (Tout le monde roupille à 8h, douaniers en pyjamas), du côté Iranien. On voit fouiller un car pakistanais c’est assez dégueulasse. Ils leur piquent la moitié de ce qu’ils ont, éventrent les édredons. Côté iranien, on essaye de s’expliquer avec des types qui ne parlent pas un mot -> diner avec des Kurdes, ils sont aussi intéressés par nous que nous par eux. Coucher un peu plus loin au milieu des chiens. Froid.

 

Mardi 22 :

Départ à 10h vers Kermansha  (Kermânchâh). Petit déjeuner en face de femmes Kurdes (pantalons rouges comme dans les Andes). Crobar d’un village et d’un pont. Arrivée à Kermânchâh. Latour change son 1er traveller, on déjeune dans un truc tout con. Taxis Mercedes, on va voir la grotte achéménide de Taq I Boston, ensuite on va vers Bisotun de nuit. En cherchant à voir les bas reliefs, on s’enlise dans la fiente de cochon, c’est dégueulasse. Un routier vient nous en sortir. Le câble en nylon pète au 1er et au 2e coup. On s’en sort avec leur câble et diner dans un restau avec lit et tapis. Latour veut acheter un cageot d’oranges. 1er fois qu’on voit une femme dans un bistro. Coucher dans le col, on va chier en conserve dans la neige.

 

Mercredi 23 :

Départ à 7hh pendant que Latour et moi dormons. Paysage de neige. Petit déjeuner et réveil pour moi à Hamad an dans un chouette bistro. Thé fromage poire, le tout sur des tapis. En route vers Téhéran : arrivée à 5h on passe chez Ocia, personne. On dine chez SAR DAR tous seuls (lui étant invité à diner, sa femme ne voulant pas diner avec nous) dans sa salle à manger, douche, on dort dans son agence.

Jeudi 24 :

Latour et sa chiasse. Petit déjeuner avec Sardar (œuf à la coque) on va chez Letia Daltos (on entend parler de Pichard, Leconte, université de Rangoon) déjeuner chez Ocia. Typique iranien. Latour malade. L’après-midi on va au bazar, on achète avec Champouillon un gilet et des tissus

Les voutes sont vachement jolies -> salle de 4 Z’ARTS avec des loges au poil. Retour chez Ocia. Latour y reste couché. Nous allons faire la fête _. Antiquaire (Ducoureau achète une pochette). On s’en fout plein la lampe (vin brochettes (les meilleures qu’on est eu) de viande et de poulet). Je suis pas très bien, un peu lourd. Coucher chez Sardar. C’est triste il en manque un.

 

 

Vendredi 25 :

Noël. On récupère Latour.

Petit déjeuner avec Sardar. Il nous parle de l’école et de CHAPO. On discute devant chez Ocia pendant une heure de la route à prendre. Je suis pour le Sud et je finis par rallier tout le monde. En route paysage déchiqueté. Premier village à coupoles, froid de canard. Croquis. Thé dans un bistro lit, tapis et petit brasero.

Quoum on est entouré  par plein de mômes. Très gentils tous ils vont chercher le pain à côté. Route dégueulasse on se couche à 15km d’Ispahan.

 

Samedi 26 :

Arrivé à Ispahan. Visite de la mosquée du Shah, on se fait jeter à midi. Ça ferme pour la prière. Déjeuner dans le marché dans une soupente en face d’un marchand de pain. Après-midi, la mosquée du Vendredi, on monte sur les toits. Toutes les voutes sont différentes, petite chapelle très romane au fond (rattrapage des angles, chaque élément est à sa place). La grande coupole est beaucoup plus belle que celle des autres mosquées. En brique, elle était tenue par des groupes de grosses piles cylindriques. Achat chez les antiquaires. On visite la mosquée Shah de nuit. On couche sur la place.

 

Dimanche 27 :

Mosquée des femmes, retour à la mosquée du Shah. Déjeuner au même endroit que la veille. Achats : berceau, pendentifs. Champouillon achètes des épingles après une discussion acharnée. Départ vers 17h30. De la piste, diné dans un routier, on couche à 80km de YAZD

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Lundi 28 :

YAZD à 15h visite de la mosquée : très élancée (entrée du bazar =).Route de Kerman crevaison à 19h diner dans un routier, nuit à 120km de Kerman.

Mardi 29 :

Départ à 13h, déjeuner dans un routier avec une terrasse extérieure au soleil. Les routiers sont très gentils. A 15h on arrive à Kerman on met des lettres à la poste (nul ne sait ce qu’il en adviendra). 60km mosquée de MAHAN un peu plus tard, plusieurs cours, jardins avec pièces d’eau successifs. Cela fait un drôle d’effet de quitter le désert et de découvrir ça (tombeau d’un derviche). Nuit chez des routiers il fait très froid. (Chapelle romane)

Mercredi 30 :

Départ vers BAM 7h30. Arrivé à Bam vers 11h, on répare un pneu, on essaye d’atteindre le château par tous les côtés sans y arriver. La ville est jolie, en terre avec des palmiers partout (ressemble au Tafilalet). De la neige sur les montagnes au loin ? On descend dans le lit de la rivière faire un croquis du château et on s’embourbe. Pour déjeuner on a été obligé d’acheter 500gr de mouton chez le boucher et de les faire cuire au restaurant à côté. On part vers Zāhedān. Photos de chameaux au coucher du soleil. Petite chapelle que l’on dessine. On crève. Nuit dans la montagne le long d’une rivière à sec.

 

Jeudi 31 :

On se lève de bonne heure, on commence par remonter le lit d’une rivière transformée en piste, suit un espèce de petit col assez bath on en redescend vers la plaine. Ils chient chacun sur leur colline. On prend le thé avec un œuf sur le plat (il faut voir ce qu’il a fallu faire pour expliquer œuf sur le plat et il faut voir ce que l’on a obtenu) dans un chouette bistro où on retrouve des routiers rencontrés avant. Arrivés à Zahedan, (Zāhedān) c’est vachement saharien, TANKS de pétrole, maisons assez moches. On fait essence et on en profite pour déballer notre petit matériel et se laver les dents sous l’œil admiratifs de quelques indigènes. On change du fric à un drôle de Pakistanais (Turban, lunettes noires et barbe grise). Récupéré 2 Anglaises en stop, le genre un peu « veau ». On  les imagine avec du persil dans les trous de nez on aurait envie de la traire. Elles ne comprennent pas bien qu’on soit indifférent à leurs charmes. On ne devait les prendre que pour 80km et on en a fait 500. On éclate et on abandonne un pneu dans le désert. A la douane, un troufion nous saute dessus (le douanier nous l’impose comme condition à notre passage. Il nous faut l’amener avec sa femme, sa fille, et ses bagages. Total : Nous 4 + 2 anglaises + 1 troufion +  sa femme + sa fille + ses bagages. Ça fait la chiée. On démarre à 10 à l’heure. Arrivés à l’autre frontière le militaire nous offre le thé. La garnison s’offre à dormir ailleurs pour nous faire place ; c’est trop gentil, on file. Le Nomans land fait 150km c’est pour ça qu’ils voulaient nous faire dormir chez eux. C’était une surprise et de l’autre côté la frontière est fermée. Chouette 1er de l’An. _ Et c’est le miracle, on trouve un rest-house-désert, on dégotte une pièce au poil avec une cheminée !! Chaises et tables. Pas de bois. Qu’à cela ne tienne je démonte une armoire, un volet et je m’attaque au mur d’une cloison en bois lorsque j’entends un grognement. C’est le gardien qui se réveille : il gueule pour son armoire (le lendemain pour le volet on lui avait «  broken sa window ») puis se calme et nous vend pour une roupie de bois. On décore la salle aux bougies et avec les guirlandes. Menu : pâté de lapin, de foies de volaille, petits pois, foie gras, corned beef, pain fromage, dessert avec vin et vodka. Les anglaises mélangent consciencieusement le foie gras et les petits pois en écrasant le tout avec une fourchette. (Ducoureau en est malade. Son beau fois gras des Landes, quel gâchis.) C’est vraiment donner de la confiture à des cochons. On s’endort au coin du feu.

Vendredi 1er janvier 1965 :

On glande, on effectue un nouveau rangement de la voiture avec Champouillon (plateau horizontal), les anglaises reprisent nos chaussettes. Au moment de partir on rencontre un mariage, Chameaux partout, les cadeaux, tambourins. C’est très coloré. On passe la douane et on roule vers Quetta. On couche en route dans un rest-house ou on a une omelette avec des patates frites on dort avec Latour et Champouillon dans la voiture, Ducoureau dort avec les 2 anglaises.

 

Samedi 2 janvier :

Latour soigne son pied dans une bassine. Le rest-house ou nous couchons est très chouette, tennis et surtout il y a de très beaux arbres. Croquis. On s’en va. Le désert. Déjeuner dans un petit bled. Connaissance avec la cuisine indienne. C’est très fort je n’avais rien mangé d’aussi épicé. On fini par s’y faire. Dans la journée le désert, je bouquine allongé à l’arrière, on y est pas mal. Je pense à Nadette. Le désert est joli recouvert de plante jaunes, les montagnes sont noires. Arrivés à Quetta, la voiture ne marche plus. On nous change les bougies, ce sont des Afghans qui ne nous font pas payer parce qu’on va en Afghanistan. Il y a de la musique un peu partout, le Président de la République vient d’être élu. Ils jouent de la cornemuse avec du tambourin curieuse adaptation. Les Afghans nous offrent le thé et des gâteaux, on va diner : encore plus épicé qu’à midi. On largue les Anglaises qui commençaient à nous faire chier, on se perd et on fini par se coucher dans l’auto. 1h du matin.

 

Dimanche 3 janvier :

Déjeuner dans un petit bled. J’achète un Narguilé. Latour se lave les pieds devant tout le monde. Col, on découvre la plaine. On passe la frontière Ducoureau veut changer à un douanier de l’argent au marché noir. Les Afghans ont l’air très gentils, arrivés à Kandahar – Ramadan. Tout le monde attend dans la rue le coucher du soleil avant de se ruer dans les restaurants, types Mongoliens. On se croirait au temps de Gengis Khan-, brochettes extra mouton et graisse, Yaourt extra dans de jolies potiches en terre. Les costumes sont assez étonnants avec surtout un beau bleu clair. Thé dans un très joli bistro. 2 samovars un en cuivre l’autre en tôle. On écoute la musique.

 

Lundi 4 :

Thé chez un mercier. Il nous met de la graisse dedans pour nous faire plaisir, c’est plutôt curieux. Il refuse qu’on le paye. On en prend 2 en autostop. GAZNI (2500m alt.). Toute dans ses remparts, de plus en plus tibétain. Je veux acheter une cage à oiseau. Maisons accrochés dans le mur. Pour avoir un bon thé : 1tiers de sucre, 1 tiers de saindoux, 1 tiers de thé brulant. J’achète un bracelet avec l’aide d’un flic pour le marchandage (ça marche tout seul). Après on a -> -9° dans la voiture avec le chauffage. Paysages de neige. A KABUL on est invité par 2 personnes qui se disputent pour savoir qui nous aura. On mange chez l’un, on couche chez l’autre. Ils sont très gentils. Erreur on remange une deuxième fois.

 

Succès commercial de Duralex :

FANE

A. Rahim Warduck Jupiter 24119. 0-16

Kabul Afghanistan :   Meer Vice muidan 1405

 

On n’a pas encore vu une seule femme depuis 2 jours qu’on est là, il paraît que c’est normal.

On prend une douche chaude à 4h du matin. Pour l’eau chaude système au poil. Un poêle spécial, dans le pot on met de l’eau. On couche tous dans la salle à manger autour du poêle sauf notre hôte qui va coucher dans une pièce pas chauffée.

Mardi 5 :

Champouillon met un slip neuf. Chouette petit déjeuner chez le mec. On rencontre Le Berre à la poste. On emmène Latour à l’hôpital. Lette de Monique et de maman. On discute chez M. AUJAME. Ensuite on trouve un hôtel très bien. Au premier il y a un espèce de caf conc. J’apprécie de plus en plus la musique Afghane.

Les Russes font la route de Herat à Kandahar. Les américains de Kandahar à Kabul comme cela on peut comparer. Les américains ont payé un aéroport à Kandahar il est extraordinaire avec Kiosque à journaux, hôtel restaurant : tout. Sauf qu’il n’y a pas de réserve d’essence ni de personnel, ni tour de contrôle installé et que l’escale de Kandahar ne présente aucun intérêt. Je descends au concert (il est extraordinaire. Ils improvisent complètement on leur passe des petits papiers. Un thème sur lequel ils brodent, la naissance d’un enfant, une mort. On enregistre. Coucher

 

Mercredi 6 :

Le matin on change l’argent, on passe chez Volkswagen. On trouve un Afghan très gentils (Istiqulal) qui veut nous inviter. On refuse puis on accepte l’invitation d’un autre. Ballade dans le bazar. On dine chez un Afghan vachement gentil avec 3 de ses amis, ils nous emmènent écouter encore de la musique. C’est encore plus joli le batteur est extraordinaire. Ce qui est chouette est que l’assemblée est très populaire. Ils ne font pas de différence entre la musique populaire et la musique classique. A notre sujet ils ont chanté «  Nous somme très pauvres, vous vous avez les moyens d’allez au grand hôtel et c’est gentil de venir chez nous, soyez les bienvenus » Chacun dit le problème qui le tracasse et il leur improvise un petit truc. Un a perdu sa mère, l’autre est malade et n’a pas de quoi se payer le docteur, puis il parle de dieu, toujours très simplement. On voyait qu’ils étaient contents qu’on soit là. On enregistre. On va au lit.

 

Jeudi 7 :

Petit déjeuner. Engueulade avec le patron, j’achète des chaussettes et des gants. On passe dans des gorges formidables. Jamais vu une échelle aussi grande. Les paysages sont rayés comme l’architecture Hindoue. Arrivé à Jalalabad. Eventaires assez chouettes. On mange dans un grand restaurant. On écrit le livre de bord en mangeant des raisins. Apres discussions pour savoir ce que l’on a fait tel et tel jour. On couche au bord de la route.

 

Vendredi 8 :

Lever de bonne heure. Khyber Pass. Je photographie des camions. On se croirait au Maroc. Les casbahs sont vraiment ressemblantes. On se fait jeter des pierres par des mômes. Descente sur la plaine. Il fait tout de suite plus chaud. C’est très vert, on passe l’Indus, rochers noirs et sable gris. Les arbres sont curieux. Les villes c’est le bordel, tout le monde roule à gauche. Taxila, monastère. Jaulian : curieux appareil de murs me rappelle Délos, petites cellules dans un beau site. Roches de stupas sculptés. Diner au buffet de la gare, resté très Anglais. Coucher à l’auberge de jeunesse. Un vieux pique des chaussettes à Champouillon. On dort dans des lits indiens. J’en achèterais un.

 

Samedi 9 :

Lever à 8h, on visite le musée de TAXILA. Art du Gandhara. J’achète un bouquin. Les plans sont jolis. Petit déjeuner à la gare. On voit des charrettes à buffles. C’est très laid les buffles avec des poils partout. Arrivés à ISLAMABAD. Le plan à l’air assez mauvais mais il y a de bonnes choses dans le détail. Les bâtiments administratifs de GIO PONTI, articulés autour de tours d’ascenseurs. Le centre sera pas mal. Les petites maisons sont moches exceptées dans un secteur_ très Candilis. Petites places, voutains : en générale les maisons ont 2 pièces + 1 chiotte, 1 cuisine, une salle de bain et une cour. Construction en briques très simple. 250 bornes en voiture. LAHORE. La cuisine est infecte, carrément immangeable. On essaye quand même on plaque et on finit avec quelques boites de conserves. Champouillon est mauvais. 7 œufs dans la journée, on en est écœuré pour toute la vie. On dort sur la place de la gare. Champouillon et Ducoureau sur le toit.

 

Dimanche 10 :

Levés de bonne heure, on prend le petit déjeuner à la gare. On va à la mosquée, pas extra, échange de crobar. On rencontre un type écrasé sur la route, les gens regardent ça très peinards, il n’est pas couvert au milieu de la rue, du sang un peu partout, ils se sont contentés de l’entourer d’un rang de briques. Poste restante, lettre de maman et de Nadette. On se trompe de route et en revenant en arrière on se rend compte de la pagaille qu’il y a sur la route. Des buffles, des culs de jatte, des mômes qui suivent leur cerf-volant, des charrettes à chevaux et à buffles, pleins de piétons, des cyclistes en zigzag, des camions et des autobus. Le chouette tableau. Les douaniers indiens sont impeccables, barbe taillée au poil, turban propre. En quittant le Pakistan on a une impression désagréable.

Arrivés à Amritsar. Histoires pour le fusil de L. On mange dans un restaurant européen. Ensuite on nous emmène coucher dans l’hôtellerie des Siks gratuite. C’est complet car c’est leur jour de fête, on couche près du temple d’or.

 

Lundi 11 :

Le matin chiasse mémorable de Latour, il chie dans son froc qu’il va jeter un peu plus loin dans le Golden temple. On va chercher la licence pour le fusil, justice en plein air. On nous impose un type en autostop. On roule, arrivée à CHANDIGARH. On voit le capitole au coucher du soleil c’est vraiment bien. Les conduits sont peints en rouge et bleu alterné pour ne pas faire la verticale. Le détail de l’exécution est souvent pas très bien. La polychromie du palais de justice est moche de loin mais très belle de l’intérieur. Il fait ce dont il a besoin où il a besoin et ne s’occupe pas du reste -> plein de chameau mais c’est bien (comme on peut le voir dans d’autres architectures). On a l’impression que ça ne pourrait pas être autrement. Rien n’est gratuit. C’est loin d’être fini. Ils sont en train de faire des pyramides de terre. On s’est promené autour des pièces d’eau la nuit. Le palais de justice est bien éclairé. On se promène sous le porche de l’assemblée. C’est vraiment à l’échelle. Diner dans un restaurant de luxe. Je dégueule toute la nuit passée dans le capitole. Je crois que je ne me fais pas à la cuisine locale.

 

Mardi 12 :

On va voir Jeanneret : il est gâteux, il a été opéré de la cataracte récemment, il parle un mélange d’anglais et de français assez marrant. Il nous donne un architecte pour visiter le capitole : le matin on visite le secrétariat. Diner à la cantine sur le toit. Les couloirs sont jolis. Après-midi : l’assemblée et le palais de justice. Sieste sous l’arbre en face du palais. Diner dans le même restaurant. Latour achète des slips. Je suis toujours malade.

Mercredi 13 :

Le matin dernière balade dans le capitole, départ vers Delhi après la visite de l’école d’art. Le directeur n’en fini pas de discourir. On se trompe de route on voit un spectacle horrible. Une centaine de vautours et une douzaine de chiens en train de dépecer une vache. Ça sent mauvais. On approche. Les chiens pataugent dans le sang, ils ont la gueule toute rouge, ils se disputent et tirent sur des lambeaux de chair. On fait envoler les vautours. On crève. Arrivés à Delhi, on couche à YMCA. Je suis toujours malade.

 

Jeudi 14 :                                       27 000 Km au compteur

Enorme petit déjeuner, douche glacée : il fait bon. Un vrai petit été. On porte la voiture à réviser. J’ai une lettre de Nadette et de maman. J’écris dans une mosquée en ruine. On fait faire la révision du car, quand on revient ils ont tout la lavé au poil, mais pas ouvert le moteur. C’est la révision Indienne. On visite une autre mosquée dans un fort en ruine. Crobar. On rentre de bonne heure. Ducoureau à la chiasse.

 

Vendredi 15 :

Re-énorme petit déjeuner, j’ai la chiasse, révision de la voiture_ garagiste avec une barbe de 1m, on se demande comme il ne la prend pas dans les engrenages. Ducoureau en mouche du coche ferait bien la blague. J’ai toujours la chiasse. Au déjeuner on décide d’adopter un chien noir. Visite de la mosquée, le chien chie en plein milieu de la cour. Diner près du minaret avec le chien. On couche à côté du restaurant. Champouillon sur le toit avec ♣♣.

 

Samedi 16 :

On se balade autour du minaret. Il y a beaucoup de monde. Des pensionnats entiers qui pique-niquent. On se balade dans les ruines de la vieille ville. (Vautours) D’abord une mosquée, ensuite une espèce de tombe avec une piscine (une nymphée d’été). Enfin on s’en va et (je ramasse quelques stucs) le paysage change. Espèce de Savane avec des arbres. Le chien est insupportable un moment et il s’endort. Espèce de ville détruite autour du minaret. Silhouettes fantastiques. On dine dans un petit restaurant. Le chien fait des manières-> potée trempé dans du thé. On dort sur la place.

 

Dimanche 17 :

Lever de bonne heure, on va vers Jaipur. Paons en liberté. Un peu avant petit temple bouddhique AMBER. Petits enfants qui jouent. Le temple est sur une terrasse. Arrivés à Jaipur. Palais de mille vents assez décevant. On se balade dans le souk. Déjeuner à la gare (très bien) observatoire assez décevant. Départ vers Fatehpur Sikri. Diner dans la gare de Barathpur. Coucher à un carrefour au bord d’un étang.

 

Lundi 18 :

Latour se fait couper les cheveux par Ducoureau. Arrivés à Fatehpur Sikri. C’est étonnant. Architecture de bois transposée en pierre. C’est tout rouge. Partout file une corniche en porte à faux en pierre. Les plans de composition d’ensemble sont très savant _ marches un peu partout _ différences de niveaux. Le bassin de flotte entouré d’escaliers. Plusieurs palais successifs et la mosquée reliée par des cours dallées sur lesquelles se trouvent des petits pavillons. Tout est du même rouge. Dans l’après-midi on fait quelques croquis. Le soir, diner au restaurant assez mauvais on ouvre une boite de pâté de volaille. A côté de la salle du trône : maison avec double cloisons et couloir extérieur assurant l’isolation, tout autour très frais. (Principe du brise soleil.)

Mardi 19 :

Fatehpur Sikri. La mosquée. Quelques croquis. Déjeuner sur l’herbe (Kaléidoscope). Bagarres de chiens. Départ sur Agra. Taj Mahal. On dine bien dans un restaurant de la cuisine européenne. Latour demande « have you pastries »

Mercredi 20 :

Taj Mahal. C’est pas extra. Deux trèfles chie sur l’esplanade. On quitte Agra par Khajurâho. Manger Gwalior. J’ai la chiasse. Latour et Ducoureau dessinent une coquette villa Hindo perso turque (un riche connard se propose d’édifier etc.…). On dort un peu avant Khajurâho. Je chie un peu partout, petite engueulade pour savoir si on reste à Datia. Joli palais et maison. Ils se rangent à mes arguments.

 

Jeudi 21 :

Khajurâho. Arrivés par le bord du lac. Eléphant. C’est le premier. On visite. C’est assez petit d’échelle. Je croyais les sculptures plus grandes mais c’est beau. Je fais le relevé d’un temple. On dine au rest-house. Vachement bien. Enfin du poulet rôti. C’est un peu les vacances.

 

Vendredi 22 :

On va au village. Pièce d’eau. Gamine très belle. On fait des crobars de maisons. Derrière Champouillon belle bonne femme avec une ceinture en argent. Dépôt de pierres sculptées. J’achète des terres cuites. Le soir chasse. On rencontre des daims. Ils tirent et en tuent un. On en rencontre d’autres. 3 cerfs et une biche. Ils s’échappent. Un lapin. D’autres biches une est blessée. Elles sont tout près, ils les ratent. C’est assez moche. Retour. Ducoureau rate un lièvre et Latour un chacal. Ils tirent de la voiture et à la lampe, au projecteur. C’est assez dégueulasse, un peu trop facile. Rentrés à 3h du matin.

Samedi 23 :

Toujours la vie de château. On mange le lapin à midi, le daim le soir. On couche à l’œil dans un chambre. Douche. Le soir Ducoureau et Champouillon font du scoutisme. 3heures pour monter une tente sur le toit de la voiture mais l’effet est assez réussi. Ballade aux temples.

Jains : chouette plan masse. Les temples étaient peut être sur l’eau ce qui justifierait le socle. Courette avec des sculptures.

Dimanche 24 :

Kayahara. Départ manqué. On reste une journée de plus, on voit le Chausath Yogini pendant que Ducoureau et Latour vont à la chasse. Ils tuent un canard et 3 tourterelles que l’on mange le soir. On couche au circuit house.

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Lundi 25 :

Départ vers Sânchî après avoir été rendre visite à l’officier de police. On le tire du lit. On visite un dernier temple. La campagne est très chouette, arbres à grosses feuilles. Ducoureau et Latour chassent et tuent 5 oiseaux qu’on bouffe le soir à Sânchî (le rest-house est assez dégueulasse comme architecture). On prend une douche.

Mardi 26 :

Visite de Sânchî. Chemin en montée assez joli. Temple bouddhiste dégueulasse. Le reste est très bath avec la vue tout autour. J’aime les barrières vachement mégalithiques. Le soir on s’en va, on dine à Bhopāl (gare). Le chien est malade. On couche avant Indore.

 

Mercredi 27 :

Lever à 9h, on passe Indore. Descente dans les collines (grand canyon) on écrase le chien. Arrivés à Mandu. Plate forme fortifiée de 4km sur 4. visite de Mandu. « La mosquée » le soir diner (poulet).

 

Jeudi 28 :

Lever à 9h. visite de Mandu relevé de la mosquée. La façade est chouette, engueulade de Latour et Ducoureau. L’après-midi ballade avec Latour jusqu’au bout du plateau. Bel à-pic de 600m. On relève un tombeau. Architecture assez pure du 14ème. On dine (poulet) et on part le soir pour Ajanta. On couche sur une place de village en plein milieu.

 

Vendredi 29 :

Réveil au milieu d’un attroupement monstre. Pas mal de monde. Petit déjeuner. On part. Arrivée à Ajanta, après un raccourci qui rallonge à 2h de l’après-midi. La voiture chauffe la chiée. visite de quelques grottes. Lavés dans la rivière. Diner au forest house, c’est très calme et très joli (poulet).

 

Samedi 30 :

On visite des grottes, peintures, un peu décrépites. Pas mal de populo. Le chien reste au forest house. On relève pas mal de grottes. Diner toujours aussi calme. Longue discussion sur la civilisation (poulet)

 

Dimanche 31 :

De plus en plus de populo dans les grottes on est très bien vu par les gardiens. Quelques relevés de plus. Descente au bout de la gorge c’est assez impressionnant. On va à la dernière chayta. Bouddha couché à travers les colonnes. On est très bien avec les gardiens. On mange à 7h (poulet) départ vers Ellorâ. Couché à Aurangabad.

 

Lundi 1er :

Déjeuner à l’hôtel Printravel. De vrais morphales, les serveurs au poil n’arrêtaient pas de nous amener des trucs. Ils avaient vite compris. Arrivés à Ellorâ, visite de Kailasa temple (la chienne vole par la fenêtre) et de la grotte bouddhique à 3 étages. (7 existences antérieures). Diner au rest-house perché en l’air au dessus (poulet). On se couche assez tard.

 

Mardi 2 :

Je suis malade. Aspirine. On visite deux belles grottes brahmaniques Dessins. L’après-midi on va à Ganesh Lena. Dessins le soir. Je suis complètement crevé. (Poulet).

 

Mercredi 3 :

Matin toujours malade, je reste au rest-house. J’écris à Nadette. Le soir je vais aux 1ers temples, croquis (poulet).

 

Jeudi 4 :

Toujours crevé. On descend avec la voiture. Visite de quelques grottes. Je relève. Les 29 bouddhas  et les jaïns. Latour et son australienne. On quitte Ellorâ le soir. Chouette bassin à escaliers. Je suis malade. Ils dinent près d’une gare. Je reste dans l’auto.

 

Vendredi 5 :

Vachement malade. Nasik. Arrivés à Bombay. Toubib 41°5 de fièvre. C’est pas mal. Coucher à l’armée du salut.

 

Samedi 6 :

Longue lettre de Monique et de maman. Ça fait du bien de lire. Ils achètent des livres moi je reste au lit avec la chienne. Elle passe son temps sur la corniche. On me monte, mes repas dans la chambre. La chambre est très bien avec une loggia.

 

Dimanche 7 :

Toujours malade.

 

Lundi 8 :

On fait venir le toubib. Moins de fièvre, continue le traitement de cheval. J’écris à Nadette.

 

Mardi 9 :

La chienne partage mes repas. Toujours au lit.

 

Mercredi 10 :

Ça va un peu mieux. Je rêve à pas mal de choses. Champouillon et Latour sont chouettes avec moi. Je lis un peu.

 

Jeudi 11 :

Je commence à manger normalement et à me lever. Je suis assez faiblard.

 

Vendredi 12 :

J’écris un peu à tout le monde. Je prends mon repas dans la salle à manger. Il y en a 4 par jour ce qui fait une grosse occupation. Je commence la perspective et l’axonométrie du Kailasa temple.

 

Samedi 13 :

Rien de spécial. Axonométrie c’est long. A se demander si on en verra le bout. Le soir Latour et Ducoureau vont à une party déguisés en Arabes.

 

Dimanche 14 :

Toujours l’axonométrie. Je sors un peu.

 

Lundi 15 :

Axonométrie. La chienne se tue en tombant de la corniche. D et L vont la jeter dans la mer.

 

Mardi 16 :

Avec Champouillon on décide d’aller à Elephanta. Pas de bateau. On achète des trucs chez un antiquaire. On écoute des disques pendant 3heures. On achète des statuettes de bronze. On est ravis de nos achats… (Paquets vachement sympathiques). Le soir on passe chez Battista. Il a l’air content. Il nous donne de chouettes livres sur l’Inde. Les bonnes femmes sont assez marrantes. Elles font chier Champouillon.

 

Mercredi 17 :

Départ de la Salvation Army. In extremis, je reçois une lettre de Nadette, ¼ d’heure avant de partir. On file vers Kali. A Kali il faut monter, c’est très haut. En route on rattrape un groupe. Un tambourin et une flûte vachement lancinant, ils suivent une bonne femme qui monte en se trémoussant. Tous les 100m, elle tombe par terre et entre en transes tandis que les autres continuent à jouer. Ainsi de suite jusqu’en haut au temple où elle recommence mais cette fois-ci il y a une cloche et ça dure plus longtemps. Elle fait des allers en avant et en arrière devant le temple en chantant des incantations. On visite la chaitya de Kali, la plus chouette de toutes pilier d’Asoka devant. On chante en chœur. On dine à la gare de Poona (poulet), à l’européenne. On se couche entre 2 baraques. Je commence à avoir mal aux dents, je suis crevé.

 

Jeudi 18 :

Lever assez tard comme d’habitude. Thé dans un tout petit bistro. Il veut nous faire payer plus cher qu’on ne la jamais fait. On roule vers Bâdâmi. Au début de l’après-midi on croise un pèlerinage en convoi. C’est extraordinaire. Chars à bœufs, capotes, idoles, musique, délégation de chaque village. Danseurs, chanteurs. Les idoles sont marrantes (films, enregistrements, photos). On les croise pendant 2h (Tanjore -> Bombay et retour = 3 000 km) avec femmes, enfants et vieillards. Arrivée à une rivière : campement, ils lavent le linge, boivent dans des bistrots ambulants suivent les caravanes et s’installent. La circulation est un vrai bordel -> re-film. Arrivée à Bâdâmi très tard. J’ai très mal aux dents.

 

Vendredi 19 :

De plus en plus mal dents (dents de sagesse) néanmoins on part visiter. Le site est très beau, de l’eau avec des marches et tout autour de grands rochers déchiquetés. On commence par le mauvais côté. Petit temple (dessin) puis des mômes m’emmènent à travers les rochers. C’est une citadelle mais coupées de grands ravins. Il y a une drôle de végétation. J’arrive à rejoindre les autres, je suis crevé. On redescend, traverse le village et on va dans un bistro où je m’affale. Latour m’emmène au dentiste le plus proche Bagalkot. On se perd un peu, drôle de ville un peu far-West. Quant au dentiste, un perse avec sa roulette à pédale, il est très drôle. Il me bricole un peu et il explique d’un ton très doctoral ce que j’ai à l’indien qui nous a conduit et qui en reste la bouche ouverte. Ensuite on suit l’enterrement d’une vache crevée avec fanfare. On revient. Dodo dans des moustiquaires (poulet).

 

Samedi 20 :

J’ai la gueule enflée, on va à Pattadakal. C’est assez joli, il y a pas mal de temples, mais surtout un grand avec le nandi temple devant  la grande porte. On rentre au rest-house (poulet)

 

Dimanche 21 :

On va à Aihole. C’est bath. Le temple hémisphérique. Un petit groupe de temples. Une grotte avec un petit ensemble de temples et tout le village qui est rempli de temple. On boit des « schpounss cola ». Je fais un dessin. On part vers Hampi. On couche dans un espèce de rest-house. On mange végétarien c’est-à-dire épicé. Enorme ville industrielle distendue.

 

Lundi 22 :

Hampi. Drôle de ville ancienne. Vijayanagar toute en montagnes énormes et là-dessus, il y avait une capitale ! Il fallait être dingue. On visite le grand temple (assez moche), la rue et le soir le temple du bout (char en pierre). Beaux chars de procession. Coucher au rest-house qui est un temple peint en vert. (Poulet). On y trouve la signature de Peneau.

 

Mardi 23 :

On visite le palais royal. Bains de la reine (crobar). La terrasse du trône est formidable ainsi que les murs. Elle est couverte de sculptures, porte entièrement en pierre. Ecurie à éléphants assez moche. On va au bistro pendant que D et C vont au bout voir le temple. On va au bord de l’eau, je fais trempette. On part vers Belur. Grand barrage. Mange dans une gare. On rentre par le jardin. Le train s’arrête pour faire manger les voyageurs.

 

Mercredi 24 :

On part vers Belur. Arrivée à Belur. C’est pas mal surtout les colonnes noires intérieures. Le plan est drôle avec une pièce d’eau sur le côté. J’achète une statue en bois et je tombe malade. On prend en stop à Halebid que je ne vois pas, un pasteur qui nous emmène à Hassan. Docteur. Potions. C’est une rechute. On va vers Bangalore.

 

Jeudi 25 :

Arrivée à Bangalore chez le pasteur. Il nous envoie chez le docteur Jacob. Chassé-croisé. Les autres partent déjeuner se perdent. Ils reviennent ont leur donne l’adresse du docteur, ils se reperdent. Le docteur est bien. J’ai perdu 12 kilos. Je pars pour l’hôpital, première nuit. Je vois une sœur française.

 

Vendredi 26 :

Première journée à l’hôpital, il y a un personnel affolant d’ailleurs c’est plutôt une clinique, surtout des hollandais. J’ai une chambre seule avec salle de bains. J’ai ma valise avec mes cadeaux.

 

Samedi 27 :

Transfusions de sérum (envie d’uriner horrible). Départ des autres après partage de l’argent. Je vois la supérieure et je discute avec elle.

 

Dimanche 28 :

Sérum. Lettre à papa. Bonnes sœurs françaises du couvent et du sanatorium. Elles font un de ces bordels mais il y en a une très calée en architecture hindoue.

 

Lundi 1er :

Rien ; la fièvre descend.

 

Mardi 2 :

La fièvre descend. Une sœur m’emmène des livres. J’écris à Bernadette.

 

Mercredi 3 :

Il paraît que ça va mieux, presque plus de fièvre. Lettres des copains. Je lis.

 

Jeudi 4 :

Plus de fièvre. J’écris aux gugusses. 2 sœurs du sanatorium viennent me voir, je lis la chiée.

 

Vendredi 5 :

Ce que j’aurai à faire :

Acheter un sari et la manière de s’en servir.

 

Samedi 6 :

Ecrit à Nadette et à Monique. Le toubib dit que je suis au poil. Dans 3jours je quitte l’hôpital et dans 3 semaines je pars pour le Cambodge.

 

Sari :

20 à 30 pieds de long et 3 ou 4 de large.

On l’enroule autour de la taille de manière à le diviser en 2 parts inégales, la plus grande tombe comme jupe et le bout est tiré entres les jambes et retroussée derrière la taille. La plus petite partie est passée à travers la partie haute du corps et jetée sur les épaules.

 

Moderne sari : plus petit 5 à 6 mètres en soie avec bordure imprimée. Haut le long de chaque côté et à un des bout ; on le porte sur les autres habits. La moitié sert de robe et l’autre moitié jaillit en gracieux  plis supportés par les bords brillants du pied gauche à l’épaule droite à travers toute la femme.

 

Dimanche 7 :

Je lis, je dessine un peu. La supérieure vient me voir. Je roupille, pas vu le toubib.

 

Lundi 8 :

Ils ne veulent pas me lâcher. J’ai vu le toubib. Ça marche très bien encore 2 jours d’hôpital. Il veut que je me balade. Je commence à me faire chier.

 

Mardi 9 :

J’essaye de dessiner Nadette. Je pèse toujours 51 Kg. Il va falloir que je mange. Je crois que je vais écrire à Nadette. J’ai écris à Nadette. Ça m’a fait du bien.

 

Mercredi 10 :

Matin : porridge, 1 œuf (omelette), 2 toasts beurrés, 3tasses de thé au lait, 1 banane, 1 orange.

Midi : soupe de tomate, œuf dur, carottes, petits pois, purée de pommes de terre, 2 morceaux de pain, crème.

4 heures : 2 toasts, 2 biscuits, 1 mandarine, 1 fruit inconnu, 3 tasses de thé

Soir : 2 toasts, 1 soupe de tomates, viande, chips, choucroute, crème.

En principe dernière journée d’hôpital. Je pourrais partir demain après-midi.

 

Jeudi 11 :

Vu le toubib, on me lâche cet après-midi. Je vais aller au sanatorium. J’espère ne pas trop m’y faire chier ? 261 + 150 = 411. Ça fait un peu cher pour être malade. On prend le docteur numi, on le dépose au séminaire (vachement important). On arrive à ma chambre. Au poil. J’ai presque fini le bouquin de Focillion. Je potasse le Bannister fletcher. C’est un bath bouquin. J’ai sorti tout mon petit matériel. Statuettes bois sculpté, bracelets. Promenade dans le jardin. On me demande des conseils pour agrandir la chapelle. X. lettre de maman. Les autres ont du s’embarquer.

 

Vendredi 12 :

Le matin douche chaude. 2 pères viennent me voir, je lis histoire de l’art préhistorique. J’écris aux parents. Je dessine une porte de Michel Ange et la piéta. Je lis -> 10h

 

 

Samedi 13 :

Pas de nouvelles des autres, ni de Nadette. Lever à 8h, je lis et je dors.

L’après-midi en me promenant, rencontré 2 pères dont un parisien avec une moto et 5 sœurs.

 

Dimanche 14 :

Levé 6h, messe. Je lis Paris Match. Déjeuner 12h30. L’après-midi, je roupille un peu. Je lis l’Europe préhistorique en entier. Je discute avec le père, couché de bonne heure, bien dormi.

 

Lundi 15 :

Lever 8h. Je lis le Pèlerin. Je relis la famille fénouillard. Je dessine, je relis le savant cosinus. Photo de Schoebel dans le Pèlerin. Je fais de l’archi. Je vais au lit.

 

Mardi 16 :

Item. Beaucoup de dessins dont un dont je suis pas mécontent. On m’annonce que j’ai 2 lettres, une sœur me les amène. J’ai 700 roupies. Lettre de maman et de Nadette. Elle m’amène aussi 3 livres dont un vachement bien. Je dessine après diner.

 

Mercredi 17 :

Chiasse -> médicament. Je redessine quelques plans. Il faudrait que j’écrive. Devenu fervent lecteur de « Le pèlerin ». La vie catholique illustrée. Catholic digest et autres. Charmante ville industrielle. Lettre à maman et à Nadette.

 

 

Samedi 20 :

Lettre de Monique.

 

Dimanche 21 :

3 sœurs viennent me voir dont une qui relève mes dessins. Spécialement les arbres.

 

Lundi 22 :

Lettre de maman et d’un type de Pondichéry

 

Electrophone : symphonie pastoral pathétique sonate gothique « ave maria ».

 

Lundi 30 :

Lettre de maman + fixatif. Didile est morte, je m’en doutais un peu mais ça fait drôle. Je termine de justesse l’hôpital de sœur Béatrice. Je dis au revoir à la demoiselle (rapporte l’électrophone). Achète une valise. Arrivée chez les sœurs. Je continue le plan de sœur Geneviève. Diner dans la salle d’attente. Dodo (rats qui se battent -> bruit épouvantable)

 

Mardi 31 :

Lever à 5h ¼, départ à 7h10 (provision de sandwiches, les sœurs sont vraiment des anges). Paysages extraordinaires, cocotiers + monts en pain de sucre. On se croirait à la Martinique. Arrivée à 2h à Kanchipuram. 1er Rickshaw à pédales. Impression désagréables de voir le type peiner. Vaikuntha Perumal, temple. Très chouette. 2 croquis. Le guide est très marrant, pas idiot du tout. Je vois le département d’archéologie qui m’autorise à faire des croquis. Conduit au tourist bungalow. Diner au rest-house.

 

Mercredi 1er :

Prend un pédalo. Kailasanath. Assez joli ensuite grand temple. Rencontre un français au rest-house, il m’amène à Mahäbalipuram. Emmerdé par les guides. Visite le Shore temple. Discussion avec un vieux Brahman. C’est toujours le même dieu, on l’appelle sous des noms  différents + croquis. C’est très impressionnant, on dirait un vaisseau de guerre.

 

Jeudi 2 :

Mahäbalipuram. Je loue un vélo. Visite des rathas et de 2 mandapams. Descente du Gange. Bain, croquis. Mangé très bien rest-house, grotte des tigres. 6km en vélo, aller au soleil avec le voile métèque. Les vraies vacances, extra. Ensuite retour au shore temple. Crobars. Rencontré des élèves de l’école de sculpture. Diner au rest-house, mangé du raisin et des oranges toute la journée. Très content.

 

Vendredi 3 :

Pris le car pour Madras à 8h, arrivée vers 11h. Poste : rien, Air India. Voir Calcutta. Billet de train en seconde 1250km : 50 roupies c’est pas cher. Déjeuner au buffet, ballade en ville. Marché, j’achète des trucs en fil de fer. Diner à la gare. Train à 8h. 1ère nuit, j’ai une banquette pour dormir. Dans la journée je m’emmerde, traversée de la Godavari. C’est énorme et très beau avec les voiles des bateaux. Arrivée à Bhubaneswar à 2h30 du matin. Couché au retiring room.

 

Dimanche 4 :

Bhubaneswar. Petit déjeuner au gest-house (porridge, 2 œufs, café au lait, 4 toast confiture-beurre). Visite de Mukteswar (croquis) déjeuner au gest-house (soupe de tomate, poisson (vachement bon) chevreuil, dessert, café). Après-midi, Baïkal Kaul, Lingarâja, rencontre des français dans la drôle de jeep de Kaboul. Orage. On m’offre le thé. Retour à pied. Diner (soupe, langoustine en sauce, poulet, dessert). Coucher à la gare.

 

Lundi 5 :

Matin Gomareswara. Groupe de temples près du Ling râja. Anantha vasudeva et quelques autres. Déjeuner. Départ à 5h en 3ème classe, 12 roupies = 500km. Quel bordel. Ils me font une place de choix. Rangées de fauteuils superposés, ventilateurs là où il y a de la place. Pour dix on en met 30 ils sont dans tous les sens. J’ai une vieille couchée sous mon fauteuil et un gosse assis juste contre moi, on a bien 30cm pour nous deux. Il s’endort tout le temps sur mon épaule et fini par se coucher aussi par terre où il y a déjà pas mal de monde. Pour circuler, on enjambe. Et tout ça bouffe, chante et boit. Bonne femme à moitié nue ça fait drôle.

 

Mardi 6 :

Arrivé à la gare, douche -> police. Air India, j’ai mon billet. Coucher au YMCA.

 

Mercredi 7 :

Les chauffeurs de taxis sont tous Sikhs. Incroyable avec leurs poignards et tout leur bordel. C’est pas des chauffeurs de taxis, c’est des chevaliers. Il faut voir le résultat, la circulation à Calcutta c’est du propre. Pas mal de mendiants. Le port est chouette surtout dans la brume.

 

Jeudi 8 :

Tout s’arrange, visa, billet d’avion, papier perdu. Mes papiers enfin en règle, je pars demain.

Je veux échanger l’architecture carolingienne avec l’architecture mexicaine.

 

Vendredi 9 :

C’est le départ. 1h d’avion et on est arrivé. J’ai à peine le temps de bouffer (comme un chancre) je redemande du poulet, on me ramène un plateau entier. C’est bien. A la douane pas de copains. J’échoue au YMCA. 1er soir, je prends l’autobus -> Pagode royale. 3 croquis c’est assez marrant à contre-jour. Les filles sont jolies à Bangkok. L’autobus n’est pas cher. 12 francs. On peut faire toute la ligne. Course d’autobus.

 

Samedi 10 :

Je fais le Bangkok Wat po. Connaissance d’un bonze qui m’amène à son monastère. Avant consulat, ils me connaissent (le timbre orient occident de papa est affiché). Phimai ne marche pas. A Wat po croquis en plein soleil. Je vois le Bouddha d’or 10 mètres de haut, 40 de long. Le monastère est très bath, on y accède par des passerelles en bois longues de 1km. Maison sur pilotis. C’est très marrant, les moines sont chiés, parlent anglais, boivent du coca, rock n’roll et transistors. Discussion de Théologie. Ils m’accompagnent partout comme ça je ne paye rien.

 

Dimanche 11 :

Visite de la pagode d’émeraude, rien de sensationnel. La pagode en face. Je vais chercher ma valise à l’aéroport. Je la laisse à la gare d’autobus où je fais la connaissance d’une thaïlandaise vachement gentille et jolie qui à l’air décidée à sortir avec moi. Pourtant je suis plutôt réticent. Retour au monastère. Diner au bord du fleuve. Je fais le portrait du prieur. Comme je n’ai plus un rond il me donne  20$.

 

Lundi 12 :

Départ à 5h30 du matin en car. La campagne et jolie ainsi que les maisons. On mange à tous les arrêts (cafés glacés, brochette de poulet et autre bricole). Frontière. 200m à pieds avec les valises. Petits cons. Ensuite autocar chinois, portières sur les côtés -> petits compartiments (comme vieux trains) 2 contrôleurs à l’extérieur. On fonce à 80 à l’heure dans n’importe quel cas. Ils font le tour par l’extérieur. Je n’ai pas d’argent pour payer, après pas mal de palabre, je ne paye pas. Le car passe à Siem Reap et je vois mes amis en compagnie de 2 anglaises. -> Je descends, retrouvailles. Bifteck. Clair de lune sur Angkor Vat.

 

Mardi 13 :

Le grand tour. On voit Groslier (2 lettres de Monique, 1 de Nadette, 1 de maman). Le grand tour. Temples pleins d’arbres. Diner chez Naphylian. Tout le monde se chie sur la gueule à l’école d’extrême orient. C’est assez marrant.

 

Mercredi 14 :

Bakong. Très bath. Apéritif chez les Du Marcay. Rechiage sur la gueule.

 

Jeudi 15 :

Bayon. C’est chouette. On achète des guirlandes.

 

Vendredi 16 :

Village sur l’eau extraordinaire. Pot dans un bistro flottant.

 

Samedi 17 :

Angkor Vat. Mon appareil photo ne marche pas.

 

 

Pendant que mes copains vont à Phnom Penh, je visite Angkor pendant 15 jours. Le site est très grand, 20km x 20km.

Tous les matins je pars sur mon petit vélo faire ma tournée. Relevé de Preah Khan pendant 4 jours. Je repère un superbe torse en grès de Krishna enfoui dans les broussailles. Pas trop grand mais lourd (30kg). Pendant mes 4 jours de relevé, je le déplace petit à petit vers la sortie, puis dans un fossé au bord de la route (je pense faire mon petit Malraux).

Un soir, un voleur professionnel, envoyé par la mission archéologique vient me proposer des objets qui ne les ont pas intéressés. J’achète un petit bouddha en bronzer et une poterie du 13e siècle (rentré à Paris, le bouddha en bronze se révèlera être en argent massif. Bonne affaire)

 

Lorsque mes copains reviennent de leur périple, on passe prendre le torse de Krishna qu’on planque dans la voiture. On essaye d’avoir un visa pour la Thaïlande : impossible, les deux pays sont en guerre, donc on décide de tenter le coup pensant qu’on trouvera bien une solution. Nous passons la frontière Cambodgienne à Poipet.

Ils ne fouillent pas la voiture, je suis content j’ai ma sculpture. No man’s land puis frontière Thaï.

Problème : nous n’avons pas de visa. Après maintes palabres, ils refusent de nous laisser passer. Qu’à cela ne tienne, on retourne au Cambodge.

Problème : comme nous sommes sortis, nous n’avons plus de visa et ils refusent de nous laisser rentrer. Un peu désespérés, on installe le combi dans le No man’s land et tous les jours on fait une tentative d’une frontière à l’autre, sans succès. Il passe 3 voitures par jour. On leur laisse des lettres pour MOLIVAN (Ministre du développement au Cambodge, ancien élève des Beaux Arts) qui pourrait arranger notre retour au Cambodge. Pas de suites : cela va durer 3 semaines. Notre petite vie restreinte s’organise. Nous avons une zone d’environ 5km de large dans laquelle nous pouvons circuler à pieds. Pas question de déborder d’un côté ou de l’autre de la zone car on est ramené illico dedans, mitraillettes dans le dos (impression assez désagréable) par des patrouilles Thaï ou Cambodgiennes.

 

Assez loin de la route goudronnée, il y a plein de villages. On repère assez vite des caravanes de vélos chargées de produits de contrebande. Le vélo sert de mulet chargé de 2 énormes sacs que le passeur pousse à pied (au moins 100kg de marchandises). En les suivant nous découvrons le village des contrebandiers installé sur la rivière qui sert de frontière. Extraordinaire, une vraie fourmilière comparé au désert de la frontière officielle. Ils ont construit un pont en bambou au dessus de la rivière et dessus circule une noria  de vélos jour et nuit.

 

Le village est très beau. Chaque maison est une série de petites cabanes sur une grande plate-forme construite sur pilotis. Le tout en grosses planches de teck. Pour les chiottes c’est écologique. Petite cabane avec un trou dans le sol, en dessous les cochons attendent avec des grognements impatients, l’arrivée de la nourriture.

 

Nous nous faisons vite des amis, un des bistrots devient notre QG. Nous faisons des relevés des maisons et nous sommes souvent invités à des cérémonies (mariages, enterrements, etc. …). Les litanies bouddhistes sont très impressionnantes (na ra na na pendant des heures). Nous commençons à nous demander si tout cela va finir un jour, peut être allons nous terminer notre vie ici (ouvrir un cabinet d’architectes pour contrebandiers ? )

 

Notre vie, rythmée par nos passages aux 2 frontières, s’organise.

Ducoureau ne trouve rien de mieux à faire que de séduire la femme du douanier chef Thaï. Ils font des petites virées en douce.

Champouillon se met en colère. Si le douanier l’apprend, nous pourrions passer un sale quart d’heure, Ducoureau se défend, expliquant que ça peut nous servir (je me demande bien à quoi). Bagarre entre eux deux devant le poste frontière sous l’œil amusé des douaniers Thaï.  Après pansages des combattants, retour au village.

 

A notre bistrot, des contrebandiers nous proposent de construire un radeau et de passer notre combi de nuit vers le Cambodge pour une somme modique. On accepte, tout se passe bien et on fonce vers Phnom Penh, au passage à Angkor, on remet la sculpture là où je l’ai prise et arrivés à Phnom Penh, nous filons voir notre copain Molivan. Tout s’arrange, mais il n’est plus question de revenir en France en voiture. On s’installe à l’hôtel le moins cher de Phnom Penh, place du marché. C’est une maison de passe avec des cloisons à mi-hauteur, on entend tout c’est génial, mais les putes sont adorables, tous les matins elles nous servent notre petit déjeuner au lit et nous proposent quelques gâteries supplémentaires. Nous refusons les gâteries, sauf Ducoureau évidemment. Il attrape une bonne chtouille. Nous l’amenons à la pharmacie.

Il explique son problème à voix basse au pharmacien qui le répète en chinois à voix haute, tous les clients sont pliés de rire, on lui donne ses médicaments et il sort tout rougissant.

 

Grande réunion pour savoir que ce nous allons faire. On décide de vendre la voiture. C’est vite fait, nous trouvons un acquéreur prêt à nous l’acheter 3 fois le prix que nous l’avions payé, moitié en dollar, moitié en piastres. Le problème c’est que les piastres sont non changeables en dollar au Cambodge, la seule solution est d’aller à Saigon les changer au marché noir. Re-concertation : il en ressort :

  • Ducoureau et Latour prennent les piastres plus une partie des dollars, ils iront à Saigon et après au Japon.
  • Champouillon prend sa part de dollars et refait la route vers la France en repassant par l’Inde.
  • Je ne prends pas d’argent mais Latour qui prend ma part me fait payer un billet d’avion par sa copine allemande depuis la France.

 

Adieux

 

J’accepte l’invitation des Lemarchand (une des recommandation de Bodiansky) où je passe quelques jours. Première chambre climatisée de ma vie, c’est très agréable.

Je fais la connaissance d’un jeune ingénieur français qui vit avec guenon chimpanzé. Il l’amène partout. C’est assez étonnant de les voir tous les 2 dans sa 2CV. Elle a la place du passager, râlant après les cyclistes et les piétons qui ne se poussent pas assez vite.

Un soir, nous sommes invités tous les 3 à une party au club colonial des expats, très chic, piscine, tennis, bar, etc. …

 

La guenon, très jalouse de voir son ingénieur faire le joli cœur avec quelques jolies filles, pique une crise et se met à déchirer toutes les robes des femmes présentes ( un vrai film des Marx Brothers), hurlements, elle mord un peu tout le monde, il réussit à la calmer et à la ramener à la voiture. Je pense qu’il ne sera plus ré-invité.

 

C’est le départ.

Pot d’adieu à l’aéroport sous les ailes de l’avion devant l’échelle et retour à Paris sans encombre.

 

Pendant quelques semaines, je suis un peu perturbé. J’avais pris l’habitude de ne plus savoir quel jour nous étions, ni imaginer ce qui se passerait le lendemain, d’être cool quoi, et la vie réglée de la France me stresse un peu.

Mon grand-père me propose de m’installer dans l’appartement de 100m² de Didile, rue Gay Lussac. Bernadette, qui s’est fâchée avec Michel, veut bien refaire une tentative avec moi. Je retourne aux Beaux Arts et la vie normale reprend.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le car passe à Siem Reap et je vois au bord de la route le combi et mes amis attablés au bistrot avec 2 anglaises. Je fais arrêter le bus et descends avec ma petite valise sous les yeux ahuris de mes copains. Retrouvailles. Ils n’avaient bien entendu pas reçu mes lettres et me croyaient rentré à Paris. Bifteck. Clair de lune sur Angkor Vap.

 

 

 

La piastre cambodgienne est non convertible, on ne peut la changer  au marché noir en dollar qu’à un taux ridicule. Il faut aller à Saigon pour avoir un meilleur taux au marché noir.

Nous ne pourrons pas récupérer de l’automobile club de Paris, la caution donnée avant le départ, puisque nous avons vendu la voiture illégalement.

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